Un chantier majeur se dessine dans la vallée du Rhône, marquant un tournant écologique notable pour la région et ses industries lourdes. Le projet Rhône CO₂, en phase de concertation, promet une réhabilitation innovante d’un ancien pipeline en carboduc. Cette initiative pourrait positionner la vallée du Rhône comme un leader en matière de décarbonation industrielle en France.
Rhône CO2 : un carboduc pour réduire les émissions
Le projet Rhône CO₂ consiste à convertir un oléoduc désaffecté de 300 kilomètres en carboduc. Cette infrastructure, autrefois utilisée pour le transport de pétrole, est envisagée pour acheminer du dioxyde de carbone capté depuis les sites industriels jusqu’à un site de stockage sécurisé. La Société du Pipeline Sud-Européen, propriétaire du pipeline, s’associe à Engie pour mettre en œuvre cette transformation. Une fois opérationnelle, cette installation devrait transporter jusqu’à 4 millions de tonnes de CO₂ par an.
Impact industriel et environnemental
La région de la vallée du Rhône est connue pour sa concentration d’industries émettrices de CO₂, avec des acteurs majeurs comme Arcelor Mittal et LyondellBasell. Le carboduc permettrait de capter une partie significative des émissions de ces installations, contribuant ainsi à une nette réduction de l’empreinte carbone régionale.
Le carboduc est une réponse concrète aux défis climatiques et industriels de la région, transformant un passif environnemental en atout pour l’avenir.
L’initiative VAIA de Vicat
Le groupe Vicat joue un rôle central dans ce projet avec son initiative VAIA. Cette stratégie vise à capter annuellement 1,2 million de tonnes de CO₂ à Montalieu-Vercieu, ce qui représente près de 30% de la capacité du pipeline. L’objectif de Vicat est de parvenir à une neutralité carbone pour sa cimenterie d’ici 2030, faisant de celle-ci un modèle de décarbonation industrielle.
Le rôle de Vicat dans le projet Rhône CO₂ souligne l’importance de l’engagement des industriels locaux dans la transition énergétique.
Des technologies avancées pour le traitement du CO₂
Une fois capté, le CO₂ sera transformé en liquide chez Elengy à Fos-Tonkin, avant d’être acheminé pour un stockage géologique sous-marin. Cette technique, assurée par ENI, garantit une séquestration sûre et durable du gaz à effet de serre.
Investissement et financement
Le coût du projet Rhône CO₂ est estimé entre 1,2 et 1,5 milliard d’euros, cofinancé par des programmes européens et nationaux tels que France 2030 et ZIBAC. L’ampleur de l’investissement témoigne de l’engagement des différents acteurs vers une économie plus verte.
Une concertation publique cruciale
Une concertation publique a été initiée pour discuter des impacts du projet avec les citoyens et les élus locaux. Face à des risques potentiels liés au transport du CO₂ liquéfié, cette phase de dialogue est essentielle pour assurer l’acceptation et l’intégration harmonieuse du projet dans le paysage local.
La concertation permettra d’adresser les préoccupations des riverains et de modifier le projet en conséquence, assurant ainsi une mise en œuvre respectueuse de l’environnement et des populations locales.
Enjeux et perspectives
Le projet Rhône CO₂ pourrait devenir un modèle de décarbonation industrielle, non seulement pour la France mais aussi à l’échelle européenne. En réussissant à concilier développement industriel et préservation de l’environnement, ce projet pourrait inspirer d’autres régions industrielles à travers le monde.
En conclusion, le projet Rhône CO₂ représente une initiative ambitieuse et stratégique pour la transition écologique de l’industrie lourde dans la vallée du Rhône. Avec ses technologies avancées et son engagement envers une concertation publique ouverte, le projet se positionne comme un pilier de la stratégie nationale de décarbonation.